dimanche 5 août 2018

Le feuilleton de la rentrée littéraire 11. La Bibliothèque malgache aussi

Je vous avais prévenus: la Bibliothèque malgache s'invite, sans que personne ne l'y ait conviée, dans la cohue de la rentrée littéraire. Pas avec un roman, certes, mais avec un recueil de nouvelles, Les jours rouges, de Ben Arès - auteur déjà d'une quinzaine d'ouvrages chez différents éditeurs, de la défunte Différence à Boumboumtralala, de Tétras-lyre en 2006 à Dovo vole en 2017, en passant par Maelström et L'Arbre à paroles - ainsi que par, déjà, et en coédition avec le dernier nommé, la Bibliothèque malgache pour Sans fil, en 2009.
Ils nous arrive de boire des coups ensemble en refaisant le monde - littéraire seulement, c'est déjà beaucoup, pour le monde malgache, nous y avons renoncé il y a un certain temps déjà. Quant aux autres mondes, nous en sommes trop éloignés pour seulement y penser.
Les nouvelles qu'il m'a fait lire, et qui succèdent à d'autres (Je brûle encore), m'ont immédiatement séduit parce que, ce n'est pas la première fois, il y aborde le milieu où il vit depuis une petite dizaine d'années avec un sens de l'autre grâce auquel des portes s'ouvrent vers des réalités souvent incompréhensibles à l'Européen. Celui-ci, généralement, reste au pas de la porte, jette un coup d’œil et se détourne très vite, choisissant de rester dans ses confortables certitudes. Ici, le terrain est mouvant, on vit dangereusement, il y a des surprises et, aux yeux de certains, il y aura du scandale. Car une société propriétaire de ses propres normes paraît souvent scandaleuse. Alors qu'elle est seulement différente. Et encore...
Bref (je ne voulais pas vous dire tout ça en commençant mais je m'emporte), Les jours rouges est, par ses thèmes autant que par son écriture très personnelle, une œuvre littéraire forte. La langue y chante une mélodie envoûtante. Cela m'a convaincu: il fallait réaliser une édition numérique (la seule que je pratique), dans un premier temps au moins - peut-être une autre maison prendra-t-elle le relais ensuite pour en faire un livre papier.
Nous avons donc travaillé d'arrache-pied pendant une quinzaine de jours, le texte a subi plusieurs allers-retours entre nous, autant de relectures et de corrections, une modification de l'ordre dans lequel se présentaient les nouvelles, une hésitation sur le titre. Le contrat a été signé, le chèque d'avance sur les droits d'auteur encaissé, le distributeur livré, l'ouvrage est en précommande chez de nombreux libraires et sortira officiellement le 23 août. C'est-à-dire en même temps, ce n'est pas tout à fait un hasard, que les deux livres d'Antoine Wauters dont je vous disais l'autre jour tout le bien que je pense - Antoine Wauters dont le premier livre, Ali si on veut (Cheyne, 2010), a été écrit en collaboration avec... Ben Arès!
Là-dessus, l'écrivain et son éditeur avons bu une Chimay bleue, denrée rare à Toliara - mais nous l'avions bien méritée.

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