lundi 13 août 2012

Les premières sorties de la rentrée (si j'ose dire)

Cette semaine, on n'y coupera pas: votre libraire préféré a pour mission d'installer sur ses tables et ses présentoirs les premiers romans de la rentrée. Ce sera jeudi, en principe. J'en sélectionne trois - cela deviendra plus compliqué à partir de la semaine prochaine où l'abondance sera telle que je me demande déjà comment je vais faire mon choix. Le retour de cette rubrique, qui n'avait plus vraiment de raison d'être en juillet et début août, période de calme (avant la tempête), reprend le principe déjà utilisé auparavant: les ouvrages sont présentés par les éditeurs.

Mohamed Boudjedra, Le parti des coïncidences
Pour la réalisation d’un ensemble de logements sociaux, d’importants investisseurs recherchent un «architecte des coïncidences». Celui-ci doit faire coïncider la psyché des habitants avec la forme de l’habitation, puisant dans le passé des occupants pour orienter leur avenir.
Parmi les candidats se trouve l’auteur de réalisations monumentales. Pour juger de son art, les recruteurs lui demandent de narrer l’une de ses constructions les plus modestes: deux maisons voisines rigoureusement identiques. La femme de l’architecte est morte dans l’une d’entre elles. Accident? Meurtre?
Si le candidat a tué sa femme par la seule magie de l’architecture, il sera reconnu maître ès coïncidences: il obtiendra le chantier.
L’architecte raconte donc sa maison étage par étage, pièce par pièce. A-t-il programmé la demeure pour assassiner son épouse? Convaincra-t-il les  recruteurs ?
L'auteur
Né en 1954 à Oran, Mohamed Boudjedra a grandi dans le Paris des années 1960, cadre de son premier roman consacré au quartier de la Goutte-d’Or: Barbès-Palace (Le Rocher, 1993). Architecte, il s’intéresse à l’urbanisme et au paysage. En témoigne son deuxième roman, Le directeur des Promenades (Le Rocher, 2002), évoquant la ville d’Haussmann. Mohamed Boudjedra rompt dix années de silence actif avec Le parti des coïncidences.

Serge Bramly, Orchidée fixe
«J’ai commencé ce livre il y a un peu plus de vingt ans. Je l’ai abandonné et l’ai repris à plusieurs reprises. L’idée d’écrire quelque chose sur Marcel Duchamp m’obsédait mais je n’ai pas su pendant longtemps quelle forme cela devait prendre. Je commençais un chapitre, le jetais au rancart, l’envisageais sous un autre angle, et mes notes se seraient accumulées sans fin si je n’avais eu un jour l’idée d’y introduire des éléments personnels, quasi autobiographiques, ce dont je m'étais toujours abstenu dans mes romans. Mon point de départ était une lettre que l’artiste avait écrite à son ami Henri-Pierre Roché, le 27 mai 1942, du Maroc. Il fuyait alors l’occupation allemande et venait d’être interné dans un camp de transit, à Aïn Sebaa, dans les envions de Casablanca. ‘‘Évidemment, écrivait-il, le camp d’hébergement est une horreur (pas de lit et une salle commune avec paillasses, hommes et femmes, une centaine), mais j’ai réussi à échapper à cela.’’ Il ajoutait: ‘‘Je couche seul dans une salle de bains, très confortable, à 7 kilomètres de Casa au bord de la mer.’’ Mon projet a commencé à prendre forme lorsque je lui ai adjoint une narratrice, l’arrière-petite-fille des propriétaires de la salle de bains où Duchamp avait trouvé refuge, et un universitaire que ses recherches avaient lancé sur les traces de l’artiste. L’une habitait Tel-Aviv où avaient émigré ses parents, l’autre, Français expatrié, enseignait à l’Université du Colorado: il n'appartenait qu'à Duchamp de les réunir. Orchidée fixe (calembour emprunté aux notes l’artiste) est ainsi l’histoire d’une double rencontre, d’une double passion, et de milieux et d’époques qui se croisent dans une longue suite de causes et d’effets. » Serge Bramly 
L'auteur
Né en 1949 à Tunis, Serge Bramly est l’auteur de nombreux romans: L’Itinéraire du fou (prix Del Duca), La Danse du loup (Prix des libraires 1983), Ragots et surtout, Le Premier Principe, Le Second Principe (Lattès, 2008), qui a reçu le prix Interallié. Il a écrit également des essais sur la Chine (Le Voyage de Shanghai), sur l’art (Léonard de Vinci, prix Vasari 1995; réédité en 2012) et la photographie.

Dans une rue de Paris, non loin de l’appartement de Claude-Hélène et de Térence, un couple d’apparence ordinaire, des travaux de rénovation mettent au jour un mur aveugle et noir. Claude-Hélène le connaît par cœur: c’est elle qui l’a conçu,  il y a quinze ans, quand elle a inventé le concept de micro-intervention urbaine. Elle avait voulu se faire artiste pour regagner l’amour de Mikhaïl, son Russe, qui voulait la quitter. Mais Mikhaïl était parti quand même, le projet avait été refusé, puis le mur était tombé dans l’oubli. Depuis, elle a changé de vie, et d’amour. Alors pourquoi refait-il surface maintenant, son mur des lamentations ?
Ailleurs dans la ville, une série de délits artistiques semble avoir fleuri, comme une étrange épidémie. Des carrés de mosaïques se multiplient: un pou dans le mur d’un café, une cerise tout en haut du Sacré-Cœur… Bientôt, la police mène l’enquête: est-ce de l’art ou du vandalisme? un geste politique, 
à l’heure où la mairie de Paris bascule dans l’opposition?
Composant une à une les pièces de cette monumentale comédie de mœurs comme une mosaïque, Sylvie Taussig explore dans leurs moindres replis l’inextricable des relations humaines, les impostures et les rigidités, qu’elles soient sociales, artistiques, professionnelles ou amoureuses.
L'auteur
Sylvie Taussig est née en 1969 à Paris. Elle est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, dont Prison (Éditions d’Écarts, 2000) et Patron titan (Galaade, 2006). Dans les plis sinueux des vieilles capitales est son troisième roman. Traductrice de Hannah Arendt, de Tony Judt et de Martin Walser, Sylvie Taussig est également chargée de recherche au CNRS.

1 commentaire:

  1. Le roman de Serge Bramly m'attire bien: Duchamp est un personnage auquel j'ai commencé à m'intéresser un peu plus (que l'intérêt professionnel du prof qui doit parler du Dadaïsme) depuis qu'un de mes collègues historien de l'art a attiré mon attention sur les similitudes entre la disposition du corps du Dahlia noir et l'oeuvre de Duchamp "Étant donnés : 1° la chute d'eau, 2° le gaz d'éclairage" (voir http://artetlitterature.blogspot.be/2010/09/le-dalhia-noir-de-james-ellroy.html).

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