Amélie Nothomb en tête,
comme d’habitude, les écrivains belges ne manqueront pas cette rentrée. Barbe bleue (Albin Michel), un roman
très dialogué, renoue avec le duel entre un homme et une femme qui avait fait
le succès, il y a exactement vingt ans, d’Hygiène
de l’assassin. Un autre homme et une autre femme, certes, et avec des
enjeux différents…
De la Belgique, il est
question dans quelques ouvrages, sous des éclairages variés. Patrick Roegiers
choisit l’Exposition universelle de 1958 comme pivot. Il avait onze ans, l’âge
qu’il donne aussi à son narrateur dans Le
bonheur des belges (Grasset). Le titre prend le contrepied du Chagrin des Belges, célèbre roman de
Hugo Claus – l’un des nombreux personnages de cette fresque échevelée.
A travers La véritable vie amoureuse de mes amies en
ce moment précis (Laffont), Francis Dannemark évoque la longue période
pendant laquelle la formation d’un gouvernement se heurtait à des blocages
successifs. Mais ce n’est le sujet d’un livre à l’épaisseur inhabituelle. « Tout le monde s’était habitué à la
brièveté de mes romans, même moi. Seul Robert Laffont était persuadé que, le
moment venu, je prendrais du volume », écrit l’auteur. C’est fait, au
fil de soirées où des amis partagent leur passion du cinéma. Et plus si
affinités.
Frank Andriat annonce la
couleur dans son titre : Bart chez
les Flamands (Grand Miroir, octobre). Le livre est dédié « Aux politiques belges, enfants de
Magritte, qui nous permettent d’observer notre nation et de dire avec un
sourire : “Ceci n’est pas un pays.” », mais aussi « À mes amis flamands, wallons,
germanophones et bruxellois ».
Alain Bertrand vote
résolument pour la campagne dans Une si
jolie fermette (Finitude), « un
clin d’œil à tous les rêveurs optimistes », et Bruno Wajskop regarde
dans le rétroviseur : 1995 : On
n’est pas sérieux quand il y a 17 ans (Cécile Defaut). Ces deux ouvrages
sont illustrés.
Quant à Luc Dellisse, il
voit plus loin que la Belgique, plus loin aussi que 2012, et sa vision de
l’année prochaine n’est pas très sereine dans 2013 : Année-terminus (Impressions nouvelles).
Charly Delwart aussi part
très loin, au Kamcha du Nord, un pays étrangement semblable à la Corée du Nord.
Citoyen Park (Seuil) établit un
parallèle saisissant entre le travail du romancier et celui d’un dictateur,
tout aussi attaché à faire croire à sa fiction. Avec, côté dictateur, des
moyens humains dont tout cinéaste rêverait.
On reparlera du prix
Rossel le moment venu. Signalons déjà que Caroline De Mulder, lauréate 2010 (Ego tango) est de retour avec un deuxième
roman, Nous les bêtes traquées (Champ
vallon). Elle y adopte la trame d’une intrigue policière pour décrire
l’hypocrisie de la politique et des ONG, et davantage encore pour faire
partager le vertige d’une relation complexe et inégale. Mieux qu'une confirmation du talent déjà présent dans son premier roman.
Quant à la maison
d’édition où avait été publié le prix Rossel 2011 (Geneviève Damas, Si tu passes la rivière, Luce Wilquin), elle
fait de nouvelles propositions cette année. Comme
un roman fleuve, de Daniel Charneux, commence en bord de Meuse et creuse la
mémoire d’un homme. Lignes de fuites
marque le retour au roman de Liliane Schâuwen dix-huit ans après La fenêtre. Françoise Pirart nous
entraîne jusqu’en Sibérie dans Sans nul
espoir de vous revoir, en compagnie d’un jeune ténor dont le voyage
commence en janvier 1820. Et Hugo Lejeune donne avec Les épines de la couronne un premier roman ample inspiré par la
révolte des camisards dans les Cévennes, au début du 18e siècle.
P.S. Ceci est la version initiale d'un article paru hier dans Le Soir sous une forme légèrement différente.
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