Je m'insinue (très délicatement) dans cette rentrée littéraire, n'ayant pu résister à écrire un long texte sur les trois livres que Richard Millet a publiés la semaine dernière. Je l'ai complété avec des articles plus anciens sur des romans du même auteur. Je ne leur trouvais alors rien de suspect, bien au contraire, et ils ne déclenchaient pas la polémique qui enfle pour l'instant autour de ses dernières publications. Il en résulte un petit livre électronique, dont je vous livre l'introduction.
À l’avant-veille du jour
où Richard Millet publie trois livres en même temps, Langue fantôme, De
l’antiracisme comme terreur littéraire et Intérieur avec deux femmes, je les lis. Avec un peu de
crainte : j’ai beaucoup aimé les romans d’un écrivain que, par ailleurs,
je ne connais pas. À peine si je l’ai croisé une fois entre deux portes chez
Gallimard. Mais je n’ignore pas les réticences, pour le dire sans insister,
qu’ont éprouvées plusieurs de ses lecteurs devant des livres plus récents, que
je n’avais pas cherché à connaître. Pour me protéger ? Non, mais peut-être
pour protéger l’admiration qui était la mienne. Pour ne pas tout gâcher.
Car Richard Millet
suscite, pour le moins, des sentiments mélangés.
Il est à la tête d’une
œuvre romanesque belle et exigeante. Il a la réputation d’être, chez Gallimard,
un lecteur tout aussi exigeant, doté en outre d’un flair hors du commun :
il a édité, en cinq ans, deux prix Goncourt qui étaient les premiers romans de
Jonathan Littell et d’Alexis Jenni. Il est aussi l’homme qui a combattu au
Liban, chrétiens contre musulmans, et il ne dédaigne pas la gloire ambiguë
fournie par le sang sur les mains.
Il est enfin, dans un
rôle qui prend appui sur son expérience de la guerre et qui risque d’occulter
les autres, un pamphlétaire virulent attaché à décrire les causes du déclin de
la France et de sa littérature. Des mots reviennent souvent sous sa
plume : dégénérescence, décadence, multiculturalisme, créolisation, qui
éveillent des échos déplaisants bien que l’auteur se défende de militer en
faveur d’un parti. Il n’écrit en tout cas pas de slogans. Mais il n’évite pas
la forme incantatoire et l’affirmation brutale d’une vérité absolue. Sa vérité,
blanche, chrétienne et française de souche.
C’est là le dernier Richard Millet, celui que
j’appelle d’après. Il y avait pourtant le Richard Millet d’avant, chez qui
peut-être je n’avais pas été capable de déceler les prémices d’un discours
qu’il est urgent de lire – pour mieux le réfuter. Mais je n’ai rien voulu
changer à ce que je pensais, avant, des livres d’avant. Quant à après,
c’est-à-dire maintenant, c’est bien sûr une tout autre question…
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