Maria Cristina Väätonen a
publié La vilaine sœur, son premier
livre, avant d’avoir dix-huit ans. Tout le monde a cru que l’histoire était
autobiographique, que sa mère et sa sœur étaient mortes dans un accident de
voiture après lequel elle avait quitté Lapérouse, au Canada. Il n’en est
rien : sa mère et sa sœur sont vivantes puisque la première l’appelle au
début de La grâce des brigands, le
nouveau roman de Véronique Ovaldé, pour lui parler de sa sœur Meena. Ou plus
exactement de Peeleete, le fils de Meena, dont Maria Cristina ignorait
l’existence.
La jeune fille avait fui
Lapérouse et sa famille, sous prétexte d’étudier la littérature aux Etats-Unis.
Elle aurait pu choisir n’importe quel prétexte : elle étouffait depuis
toujours à cause des obsessions d’une mère tragique et depuis qu’un jeu entre
sœurs avait mal tourné, arrêtant le développement de Meena à quatorze ans –
Maria Cristina en avait presque treize.
A Los Angeles, Maria
Cristina travaille au snack de l’université, tentant d’écrire un roman qui
n’avance pas, quand sa colocataire lui propose un job qu’elle-même ne peut
prendre parce qu’elle est enceinte : devenir la secrétaire personnelle
d’un écrivain. « Mais je ne veux pas
être la secrétaire personnelle d’un écrivain, je veux être écrivain », réplique Maria
Cristina avant d’apprendre le nom de l’écrivain en question et de se présenter
chez lui.
Rafael Claramunt est le
genre d’homme qui peut dire : « Je
suis le dernier spécimen d’écrivain dont la vie privée intéresse tout le monde
et qui vit comme une star du rock’n’roll. » Il y a bien sûr un peu de
vanité dans cette affirmation qui, par ailleurs, est plutôt vraie. L’homme est
en tout cas assez fascinant pour que Maria Cristina en tombe amoureuse et lui
confie son manuscrit quand elle l’a terminé – la manière dont il sera publié et
ce qui suivra est un roman dans le roman.
Claramunt a un chauffeur,
ou un genre de chauffeur, qui est aussi son homme à tout faire et qui rendra,
entre deux verres, des services variés à Maria Cristina. Il s’appelle Oz
Mithzaverzbki mais, comme personne n’arrive à prononcer son nom, il se fait
appeler Judy Garland. Après tout, nous sommes à Santa Monica, autant dire à
Hollywood.
La vie de Maria Cristina se met en place sans
que Véronique Ovaldé semble le vouloir. Les informations se glissent dans le
texte comme par inadvertance. Et cela fait un beau roman qui mène à une fin
impressionnante.
Bonjour,
RépondreSupprimercontente de sa sortie en poche, je le lirais !