Gérard de Villiers enterré depuis novembre dernier, le voici propulsé au rang de classique, ou presque. Les débuts de SAS étaient devenus inaccessibles pour les lecteurs. 40.000 fans peuvent se réjouir: c'est le tirage d'une édition collector du premier volume de la série, SAS à Istanbul.
Il était paru en janvier 1966, on y rencontrait, dès la première ligne, "Son Altesse Sérénissime le prince Malko Linge" en train de regarder le Bosphore de sa chambre, au troisième étage du Hilton d'Istanbul. Il avait reçu, peu de temps auparavant, le devis de l'entrepreneur, qui estimait à 50.000 dollars les coûts de réparation du toit de son château, son "Schloss" en territoire autrichien (mais le parc est en Hongrie), avec salle d'armes, salons et tour ouest déjà restaurés. Il reste beaucoup à faire - de quoi l'occuper pendant deux centaines de volumes encore à venir à ce moment...
Le lendemain de son arrivée, il a rendez-vous avec le capitaine Carol Watson. Tiens! le voilà qui passe en criant devant la fenêtre, tombant des étages supérieurs...
A la fin, Malko se trouve dans l'avion qui décolle d'Istanbul, il aperçoit au passage "la Mosquée du Sultan Ahmet brillant dans le soleil couchant" et revient à l'essentiel en dépliant le plan (pl-pl, pas très joli, mais c'est pareil dans le texte: "Il déplia un plan sur ses genoux.") du futur grand salon de son château. Trois mois de travail en perspective...
Entre-temps, il a accompli sa mission, quelques anges sont passés (le premier: "Un ange passa, les ailes chargées de fusées."). Il a rencontré Leila, à qui ressemble un peu une hôtesse dans l'avion du retour - son "décolleté vertigineux" a donné à Malko l'impression "que les seins allaient lui sauter à la tête". Il a été assommé sans avoir le temps de sortir son Colt - bien qu'il porte rarement une arme à feu, pas très cohérent mais admettons. Bon, et puis, et puis... c'est déjà un SAS avec la plupart des tics et des ressorts qui ne vont pas cesser d'animer la série pendant quasiment un demi-siècle.
Si l'oeuvre (hum!) de Gérard de Villiers acquiert un jour un statut de classique, ce ne sera pas grâce à une édition collector. Mais peut-être parce que les séries B (ou Z) auront fait partie d'une époque et l'auront peut-être même influencée. Les universitaires qui se pencheront sur le parcours de SAS seront plus probablement des sociologues, voire des historiens (le temps passant) que de purs littéraires.
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