mercredi 14 octobre 2015

The Man Booker Prize, tendance reggae

Depuis 2013, le Man Booker Prize s'est affranchi des frontières du Commonwealth, au risque de vérifier les prédictions de grincheux qui voyaient déjà la littérature américaine déferler sur un palmarès jusqu'alors très post-impérial.
Il n'en est rien jusqu'à présent: Eleanor Catton, lauréate 2013, est néo-zélandaise, Richard Flanagan, 2014, australien, et Marlon James, lauréat 2015 annoncé hier, est jamaïcain.
Celui-ci avait déjà été très remarqué pour son premier roman, The Book of Night Women (à ma connaissance non traduit en français), et A Brief History of Seven Killings, paru l'an dernier, couronné par le Booker Prize, est le troisième, après John Crow's Devil.
Tout ce qui vient de la Jamaïque n'est peut-être pas marqué par l'histoire du reggae et de Bob Marley. Mais, dans ce cas-ci, difficile de le cacher: les deux premières parties du roman se déroulent les 2 et 3 décembre 1976, au moment où Bob Marley et sa bande sont victimes d'un attentat que le chanteur évoquera dans une chanson de 1979, "Ambush in the Night". Titre repris par Marlon James pour la deuxième partie de A Brief History of Seven Killings. La suite du roman se déroule en 1979, 1985 et 1991.
En voici, dans la version originale, le premier paragraphe, précédé d'un mot, un seul. Celui qui parle à ce moment est Sir Arthur George Jennings, le fantôme d'un politicien...
Listen.
Dead people never stop talking. Maybe because death is not death at all, just a detention after school. You know where you’re coming from and you’re always returning from it. You know where you’re going though you never seem to get there and you’re just dead. Dead. It sounds final but it’s a word missing an ing. You come across men longer dead than you, walking all the time though heading nowhere, and you listen to them howl and hiss because we’re all spirits or we think we are all spirits but we’re all just dead. Spirits that slip inside other spirits. Sometimes a woman slips inside a man and wails like the memory of making love. They moan and keen loud but it comes through the window like a whistle or a whisper under the bed, and little children think there’s a monster. The dead love lying under the living for three reasons. (1) We’re lying most of the time. (2) Under the bed looks like the top of a coffin, but (3) There is weight, human weight on top that you can slip into and make heavier, and you listen to the heart beat while you watch it pump and hear the nostrils hiss when their lungs press air and envy even the shortest breath. I have no memory of coffins.

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