Sortie, aujourd'hui, de deux titres numériques d'André Baillon à la Bibliothèque malgache. Voici la présentation du premier, Un homme si simple. Demain, nous verrons en quoi consiste sa suite logique, Chalet 1.
À la sortie d’Un homme si simple, Raymond Cogniat rencontre André Baillon pour Comœdia. L’entretien paraît dans le numéro des lundi et mardi 1er et 2 juin 1925 : « M. André Baillon parle comme il écrit, simplement, sans affectation, sans mots inutiles ; il répond en quelques mots aux questions qu’on lui pose, même lorsqu’elles sont indiscrètes ; il s’exprime brièvement, mais sans hâte, et attend de nouvelles questions. »
Ce qu’il explique ? Comment il voulait raconter ce qu’il avait vu et vécu à la Salpêtrière. « J’avais fait un premier séjour de deux mois environ il y a deux ans ; l’année dernière, j’y suis retourné une quinzaine de jours. » Comment aussi il a été entraîné, « presque contraint », à écrire d’abord sa propre histoire. Il ne se masque pas derrière la fiction : « Les femmes dont je parle existent, et aussi la petite Micheline, et le docteur avait raison : elle était l’épine qui empêchait ma guérison. Quand je terminai ce livre, j’en fus débarrassé ; dès qu’on connaît les causes de son mal, on est presque guéri. »
Débarrassé, donc, il peut envisager son prochain livre, dont il a le titre, presque définitif : Le Chalet n° 1. La publication sera pour l’année suivante.
Dans La Revue politique et littéraire, Firmin Roz avait lui aussi repris quelques propos d’André Baillon à propos de son livre : « Un homme se cherche et s’exprime. Il est difficile de se trouver et, si l’on se trouve, difficile d’être sincère. D’une confession à l’autre – plus exactement : d’une recherche à l’autre – Jean Martin, mon personnage, se reprend, se désavoue, se contredit, toujours plus proche cependant de l’implacable vérité qui l’attire et qu’il ne soupçonne pas encore. Aux lecteurs de la découvrir. »
Le commentateur ne cherche pas à proposer un livre tranquille : « L’allure est rapide, un peu saccadée, trépidante. Les cinq confessions nous secouent, nous émeuvent, nous inquiètent. Ce n’est pas un délassement de les suivre. Et n’espérez pas trouver davantage le repos dans les conclusions auxquelles elles nous auront conduits. Mais il y a beaucoup de talent littéraire dans l’œuvre de M. André Baillon et plus de littérature sans doute qu’il ne le dit, plus, peut-être, qu’il ne le croit. »
Dans L’Humanité, Jean Remon consacre à l’ouvrage tout un feuilleton littéraire de bas de page. André Baillon est proche de ce journal : il y a publié de nombreux « contes ». Mais l’enthousiasme, au début de l’article, ne semble rien devoir à cette proximité : « Il y a aujourd’hui fort peu d’écrivains qui possèdent les rares dons qui enrichissent le talent d’André Baillon. Une écriture simple, un vocabulaire assez réduit, volontairement réduit, et, malgré cela, ou même à cause de cela, une extraordinaire puissance d’évocation ; un ton ironique, où la chaleur de l’émotion se mêle sans cesse aux plaisanteries caustiques, telles sont les qualités qui donnent à ce nouveau livre de l’écrivain belge une saveur et un attrait inégalables. »
L’angle sous lequel nous découvrons le roman et son personnage n’a pas laissé le critique indifférent : « Le héros est toujours peint de l’intérieur ; c’est sa confession que nous entendons, il nous prend à part et nous raconte son histoire. À dessein, il hésite parfois ; il s’embrouille dans ses phrases, il devient la proie de l’idée fixe. »
Quant à résumer Un homme si simple, Pierre Dominique s’en dit incapable dans France et monde : « Un homme qui a abouti à un des chalets de la Salpêtrière où l’on soigne les demi-fous, raconte là sa vie malheureuse et tourmentée. Oh ! point uniquement composée de tristesses. Quelques joies aussi, beaucoup de joies même et de l’amour. Une vie comme on en voit tous les jours avec sur le fond grossier des jours sans lumière, la broderie de l’espoir, de l’amour, des mille bonheurs qu’une âme simple sait découvrir. »
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