Proust écrit à Gaston
Calmette le 13 novembre, et lui demande d’annoncer la
parution de Swann, en lui confiant quelques détails complémentaires
susceptibles de nourrir la curiosité du journaliste : « Le dernier
volume s’appellera Le Temps retrouvé,
le second À l’Ombre des jeunes filles en
fleurs (Ce n’est pas décidé). Une des parties s’appelle l’Adoration Perpétuelle. »
Gaston Calmette fait
passer l’information le 16 novembre dans les échos de Une.
À la recherche du temps perdu.
Tel est le titre étrangement attirant et original d’une véritable
« trilogie » romanesque dont notre collaborateur et ami,
M. Marcel Proust, publie, cette semaine, la première partie, – Du côté de chez Swann.
L’œuvre est forte et belle – et nous y reviendrons. Elle est le résultat de
plusieurs années de réflexion intense, et ceux qui admirent, en M. Marcel
Proust, une âme d’artiste et un talent d’écrivain véritablement hors de pair,
seront heureux que nous leur signalions, dès aujourd’hui, sa
« rentrée » dans la littérature, par un livre si riche de pensée, si
vif et nuancé, si digne, en un mot, de la réputation de son auteur.
Du côté de chez Swann sera suivi, nous l’avons dit, de deux autres
volumes se rattachant au même ensemble. C’est une noble audace d’entreprendre
ainsi une œuvre de vaste envergure et de haute portée. La récompense de
M. Marcel Proust est déjà dans l’intérêt et la sympathie que l’apparition
de son roman, si personnel et si neuf, provoque de toutes parts dans le public
lettré.
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