mardi 16 octobre 2018

14-18, Albert Londres : «Aujourd’hui c’est le décollage.»




La perte de Drocourt va leur coûter Douai

(De l’envoyé spécial du Petit Journal.)
Front britannique, 12 octobre.
Il y a quinze jours, c’était la grande danse ; il y a huit jours, c’était la résistance désespérée ; aujourd’hui c’est le décollage. Le fait du jour dans le Nord, face à Douai, c’est l’abandon complet par les Boches de la ligne Drocourt-Quéant. Vieille connaissance que cette ligne ; elle protégeait Cambrai par le bas, c’est-à-dire par Quéant, et Douai par le haut, c’est-à-dire par Drocourt. Quéant leur a coûté Cambrai, Drocourt va leur coûter Douai. Et ça commence.
Le Boche se retire. Il se retire, battu et sans moral. Il ne combat plus qu’avec des mitrailleuses, ses canons étant en train d’accomplir le grand voyage. Il se retire devant la première armée face à Douai, devant la troisième sur Denain, devant la quatrième derrière Le Cateau.
L’armée anglaise est vainqueur. Jamais elle n’a été si belle. Qu’ils descendent du combat ou qu’ils y montent, nos amis se tiennent toujours aussi droit. Leur ténacité, qui fait que l’on dit qu’ils ont des mâchoires carrées, n’a pas flanché depuis les deux mois et demi du fougueux combat. Ce n’est pas comme des Bretons, mais comme des grands Bretons qu’ils sont têtus. Ils poussent sans arrêt.
Ils nous ont ramené, depuis deux jours, 8 000 civils, 4 000 à Bohain, 900 à Inchy, 2 600 à Caudry. C’est une physionomie nouvelle des temps que ces Français qui nous reviennent. En attendant leur transport, ils grouillent sur la ligne de feu. Ils sont tous excités par la joie, les jeunes filles surtout qui, comme des hommes, ont traversé les barrages boches : « Ils ont eu beau sonner l’évacuation, disent-elles, nous voilà ici ! »
Autre signe des temps. Le 8 octobre, 70 Allemands des lignes de Bohain se sont rendus en brandissant un de leurs journaux annonçant la demande d’armistice de leur gouvernement.
Le Petit Journal, 13 octobre 1918.



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