La perte de Drocourt va leur coûter Douai
(De
l’envoyé spécial du Petit Journal.)
Front britannique,
12 octobre.
Il y a quinze
jours, c’était la grande danse ; il y a huit jours, c’était la résistance
désespérée ; aujourd’hui c’est le décollage. Le fait du jour dans le Nord,
face à Douai, c’est l’abandon complet par les Boches de la ligne Drocourt-Quéant.
Vieille connaissance que cette ligne ; elle protégeait Cambrai par le bas,
c’est-à-dire par Quéant, et Douai par le haut, c’est-à-dire par Drocourt.
Quéant leur a coûté Cambrai, Drocourt va leur coûter Douai. Et ça commence.
Le Boche se
retire. Il se retire, battu et sans moral. Il ne combat plus qu’avec des mitrailleuses,
ses canons étant en train d’accomplir le grand voyage. Il se retire devant la
première armée face à Douai, devant la troisième sur Denain, devant la
quatrième derrière Le Cateau.
L’armée
anglaise est vainqueur. Jamais elle n’a été si belle. Qu’ils descendent du
combat ou qu’ils y montent, nos amis se tiennent toujours aussi droit. Leur
ténacité, qui fait que l’on dit qu’ils ont des mâchoires carrées, n’a pas
flanché depuis les deux mois et demi du fougueux combat. Ce n’est pas comme des
Bretons, mais comme des grands Bretons qu’ils sont têtus. Ils poussent sans
arrêt.
Ils nous ont
ramené, depuis deux jours, 8 000 civils, 4 000 à Bohain, 900 à
Inchy, 2 600 à Caudry. C’est une physionomie nouvelle des temps que ces
Français qui nous reviennent. En attendant leur transport, ils grouillent sur
la ligne de feu. Ils sont tous excités par la joie, les jeunes filles surtout
qui, comme des hommes, ont traversé les barrages boches : « Ils ont
eu beau sonner l’évacuation, disent-elles, nous voilà ici ! »
Autre signe
des temps. Le 8 octobre, 70 Allemands des lignes de Bohain se sont
rendus en brandissant un de leurs journaux annonçant la demande d’armistice de
leur gouvernement.
Le Petit Journal, 13 octobre 1918.
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