Six kilomètres d’avance et ce n’est pas
fini !
(De
l’envoyé spécial du petit Journal.)
Front britannique,
23 octobre.
Qui dit que
c’est la paix ? Ce matin, trois armées anglaises à la fois se sont remises
à « gratter » le Boche, la première, la troisième, la
quatrième : Horne, Byng, Rawlinson.
Que veut-on
prendre ? Quels sont les objectifs ? Les objectifs : il n’y en a
pas et on veut tout prendre. On veut que notre volonté soit maîtresse de celle
des Allemands. Les Allemands se cramponnent sur telle ligne : c’est donc
qu’ils y ont intérêt. Nous allons nuire à leur intérêt. Nous allons attaquer,
les bousculer. Ils sont décidés à prendre le train pour leur pays, mais nous ne
voulons pas qu’ils choisissent l’heure du départ. Il nous plaît qu’ils
décampent, alors qu’ils n’ont pas encore terminé leurs bagages.
L’acharnement
des Britanniques à taper dessus demeurera mémorable. Depuis le 8 août, ils
ne se sont pas arrêtés. Au début, quand ils vidaient les poches, après, quand
ils atteignaient la muraille Hindenburg, encore après, quand ils la dépassaient
et aujourd’hui quand ils délivrent Cambrai, Douai, Lille, Roubaix, Tourcoing,
et encore aujourd’hui, quand ils se jettent sur le vaincu récalcitrant, c’est
la même obstination. Où le Boche regimbe, ils le « sonnent ». Tant
qu’il aura un souffle de vie, ils l’empoigneront.
L’ennemi, pour
fuir en ordre, tâche de reprendre haleine, derrière des rivières et des canaux,
à l’ombre des forêts ; c’est ce que les Britanniques dérangent.
Les attaques
se déclanchèrent à 1 h. 20 du matin, entre Valenciennes et Tournai,
la 1re armée avait pris Bruay et atteignit la rive gauche de
l’Escaut, à Breharies et Espain. Résistance considérable. Obus à gaz sur le
rassemblement de nos troupes. Nous bousculons, ramenons des prisonniers.
Partout, aussi bien à la 3e qu’à la 4e, nous avons avancé
de six kilomètres.
C’est Mons et
Maubeuge qui doivent rire en voyant le Boche bourrer ses malles.
Le Petit Journal, 24 octobre 1918.
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