Les références à Agatha Christie sont partout, du début à la
fin. Achille Dunot, détective, ne jure que par elle. Il connaît dans le détail les
intrigues de tous ses romans, chaque personne qu’il rencontre lui fait penser à
un personnage de l’un d’entre eux, il se voit bien en Hercule Poirot – et Henri
Gisquet serait son inspecteur Japp. Achille réfléchit, déduit, conclut. Et sa
réussite dans la résolution d’affaires criminelles est de 100 %. Quand Henri
fait appel à lui pour l’aider à résoudre le mystère de la disparition d’Emilie
Brunet et de son amant, Achille ne doute pas de réussir.
Sinon que, depuis une chute, Achille souffre d’amnésie
antérograde : chaque nuit efface le souvenir du jour écoulé. Ennuyeux pour
mener une enquête. Le détective contourne la difficulté en notant chaque soir
les événements qu’il vient de vivre, et se relit le matin. Mais, les pages
s’accumulant, et malgré le soin qu’il prend à biffer des paragraphes qu’il juge
inutiles, la lecture dure de plus en plus longtemps et ce qu’il reste de la
journée devient bien court pour poursuivre ses investigations.
Enquête sur la disparition d’Émilie Brunet, d’Antoine Bello, qui s’était montré maître dans l’art
de la mystification (voir Les
falsificateurs et Les éclaireurs,
ses deux précédents livres), est donc une course contre le temps – et le temps
joue contre Achille, comme joue contre lui l’intelligence supérieure du
principal suspect, le mari d’Emilie. Il est aussi traversé avec subtilité par
une réflexion sur le roman policier classique, genre aux vingt règles fixées
par Van Dine, et auxquelles se réfère souvent le détective pour balayer
plusieurs hypothèses. Par exemple, le personnel domestique, en vertu de la
onzième règle, est écarté du cercle des suspects. Mais, bien sûr, ce cadre
rigide a depuis longtemps volé en éclats et Antoine Bello finit ici d’en
disperser les morceaux dans un livre ludique à souhait.
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