La France, tu l’aimes ou tu la quittes. Mais quand tu
l’aimes et qu’on t’oblige à la quitter ? Samba, venu du Mali, hébergé par
son oncle qui vit à Paris depuis dix ans, est, comme d’autres, un émigré en
situation irrégulière. Pas de papiers, donc pas de travail, sinon dans des
conditions précaires, avec le risque d’un contrôle qui le renverra vers son
pays par le premier avion. L’histoire est classique. Mais Delphine Coulin, qui
fait corps avec son personnage, lui donne une réalité qui déborde des clichés.
Samba accomplira le parcours complet d’un homme décidé à
rester dans le pays dont il parle la langue depuis l’enfance. Arrêté lors d’une
visite à la préfecture où il est venu s’inquiéter de l’avancée de son dossier,
conduit au centre de rétention de Vincennes où règne le désespoir, il est
heureusement soutenu par deux jeunes femmes bénévoles qui tentent de faire
annuler la décision d’expulsion. C’est la lutte, forcément inégale, entre
l’administration et la bonne volonté.
« Quand on est
traité comme un criminel, on finit par le devenir », lui a dit son
oncle. Samba n’est pas de ceux-là. Sinon que, une chose en entraînant une
autre, la logique s’appliquera aussi à sa propre existence.
Samba n’a pas choisi son camp dans la guerre qui oppose « la France pays des droits de l’homme
et la France rassise, moisie. » Il est tout simplement tombé dans le
mauvais camp et doit faire appel à toute son ingéniosité pour échapper au
destin que des fonctionnaires ont écrit pour lui.
La force de Samba pour la France
réside dans la manière dont Delphine Coulin évite le manichéisme. Son héros
malheureux n’est pas un homme parfait. Il n’empêche : entre le faible et
le fort, le choix semble évident. Les jurés du prix Landerneau, qui ont couronné
ce roman, ont dû le penser aussi.
Quant au film, je ne l'ai pas vu et ne vous en dirai donc rien...
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