Je n'y crois pas... je suis content!!!
Et j'y reviens tout à l'heure, merci de me laisser le temps de me retourner...
Mais je vous renvoie déjà à une note sur L'horizon.
A un long entretien réalisé en 1992 au moment de la sortie de Voyage de noces.
Et à une autre note sur L'herbe des nuits.
Pour compléter, voici l'article que j'avais publié samedi dans Le Soir sur son nouveau roman.
Mais je vous renvoie déjà à une note sur L'horizon.
A un long entretien réalisé en 1992 au moment de la sortie de Voyage de noces.
Et à une autre note sur L'herbe des nuits.
Pour compléter, voici l'article que j'avais publié samedi dans Le Soir sur son nouveau roman.
Deux larmes ponctuent le nouveau roman de Patrick Modiano.
Elles sont discrètes, car les sentiments s’extériorisent peu chez un écrivain
qui présente les choses de biais plutôt que de face et qui cite, en exergue,
cette phrase de Stendhal : « Je
ne puis donner la réalité des faits, je n’en puis présenter que l’ombre. » La première larme est « à peine visible ». La
deuxième, dans le dernier paragraphe, est « si
petite qu’on la voit à peine ». Annie Astrand, qui les verse, est une
silhouette du passé de Jean Daragane. Il croyait ce passé totalement évanoui,
la perte d’un carnet d’adresses et la rencontre avec celui qui l’a trouvé l’ont
obligé à en reconstituer quelques pans. Des bribes qui ne composent pas une
image globale, mais des détails émergent d’un brouillard qu’on tente, avec lui,
de percer.
Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier est un livre dont la magie opère dès les
premiers mots, en raison peut-être de leur caractère anodin : « Presque rien. » En effet, ce
n’est presque rien, cette histoire d’un carnet perdu et retrouvé. Mais elle
s’accompagne d’une sourde menace présente dans la voix de Gilles Ottolini,
l’homme qui téléphone à Daragane pour le lui restituer. Il dira, quand ils se verront,
qu’il s’est permis de feuilleter le carnet et qu’il y a trouvé un nom qui
l’intéresse. Si Daragane pouvait lui donner quelques renseignements sur lui,
ils seraient les bienvenus.
Guy Torstel. Le nom ne dit rien à Daragane, le numéro de
téléphone à sept chiffres est ancien. Tout cela est vraiment trop loin. Et
pourquoi Ottolini s’intéresse-t-il à ce Torstel ? Modiano a tiré sur un
fil, le tricot doit maintenant se défaire maille après maille, jusqu’à
retrouver un malaise ancien. Et les deux larmes d’Annie. Elles ne ponctuent pas
seulement le roman. Elles correspondent à des tournants dans la vie de
Daragane, à une enfance dont il a souffert et dont on comprend qu’il aurait
préféré la tenir à l’écart.
Dans le dossier constitué par Ottolini, il y a le premier
roman de Jean Daragane, écrit comme un message personnel adressé à quelqu’un
qui n’a jamais réagi. Ce texte peut-il, des années plus tard et à contretemps,
avoir un effet ? Daragane, qui ne lit plus que Buffon, ne se posait pas la
question. Et la voici de retour après avoir franchi une faille temporelle à
travers laquelle les époques entrent en collision.
Le travail de la mémoire s’apparente à la visite d’un
grenier poussiéreux où on ne sait plus ce qu’on a rangé, et moins encore selon
quelle logique. Le propriétaire de cette mémoire va donc de surprise en
surprise au fur et à mesure que des indices le renvoient à ce qu’il était
autrefois. Les traces ne sont pas tout à fait effacées mais il faut, pour les
retrouver, décrypter des signes ténus, les relier entre eux, deviner leur
signification jusqu’à y superposer une possible réalité. Celle-ci n’est jamais
assez solide pour croire vraiment à son existence, les doutes ne sont levés
qu’en partie. Et, de cette enquête hésitante, Patrick Modiano fait un grand
livre.
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