François Bégaudeau a construit La blessure la vraie de manière à ce que le roman fonctionne comme un
appeau. Dès la première page, il est question de la blessure survenue à l’été
1986. On ne peut donc qu’aller vers cet événement, tiré jusqu’à lui par un
écrivain capable de retenir l’attention à travers des histoires qui semblent
détourner du but affiché, comme s’il était douloureux de l’aborder de front et
qu’il fallait louvoyer avant de le laisser se présenter naturellement, à son
heure.
Nous ferons donc comme l’auteur, pour nous attacher à ce qui
occupe son François de quinze ans pendant ses vacances en Sud-Vendée. Elles
s’ouvrent sur la finale du tournoi de Wimbledon, pour laquelle il a pressé son
père d’arriver à l’heure devant la télévision. Le tennis est sa passion officielle,
il est d’ailleurs plutôt bon sur le terrain. Mais, alors que Becker mène deux
sets à rien devant Lendl, 3-3 dans le troisième set, François abandonne le
match et file au village sur sa Motobécane.
Il a en effet un autre programme. Puisqu’il devient un homme, les poils
le prouvent, « je dois m’élever au
niveau supérieur, l’été ne se passera pas sans que je couche. » Pas de
temps à perdre, avec des allures de dur qui ne lui vont pas, une rencontre qui
promet mais se complique avec tout le reste – la blessure, souvenez-vous… Contre
les aspirations de François, les événements semblent ourdir un complot de
taille démesurée. Avant une fin qui relance le récit dans une autre direction,
contre-pied parfait pour déstabiliser le lecteur.
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