Elle est plutôt curieuse, la manière dont Hubert Artus explique dans son blog pourquoi le prix Wepler-Fondation La Poste est important. Deux arguments principaux sont avancés dans les deux premiers paragraphes.
1. Le Prix Wepler-Fondation La Poste est toujours, dans le milieu parisien,
l’avant-dernière palme de la saison. C’est toujours une fête très
courue.
Vous avez bien lu: C’est toujours une fête très
courue. Un prix littéraire, c'est donc d'abord l'occasion d'organiser une fête avec tout ce beau monde parisien qui ne demande qu'à y participer. Selon le nombre de peoples au mètre carré et la qualité du champagne, le prix littéraire prend place dans une hiérarchie établie par ceux qui comptent - et dont, probablement, Hubert Artus fait partie.
2. En France, il est un des dix prix que les libraires considèrent comme accrocheurs.
On s'accroche, on s'accroche. Mais, tant qu'à faire, Hubert Artus aurait pu préciser: un des dix prix, c'est le deuxième? le septième? le dixième? Et accrocheur, ça veut dire quoi?
Il y a un troisième argument. Il n'est pas présenté comme tel, mais on sent bien que cela le démange: Cette année, je fais partie du jury. Ah! Alors, là, je m'incline. Un journaliste qui compte dans le jury d'un prix qui compte, cela donne presque envie d'aller à la fête du 12 novembre - date de la remise du prix, à la Brasserie Wepler, je suppose. (Est-ce que cela a son importance pour rehausser le prestige du lieu, si je dis qu'en mai, c'est là que j'ai interviewé Elisabeth Barillé?)
Je passe rapidement sur d'autres bonnes raisons (toujours selon Hubert Artus) de scruter attentivement la sélection de ce prix:
Il s’est toujours distingué par une grande volonté accordée aux éditeurs indépendants.
(Là, je ne comprend pas bien la construction de la phrase.)
Les votes du jury ont toujours abouti à nominer des livres parus avant la frénésie de la rentrée littéraire.
(Oui, peut-être, mais ça change quoi, fondamentalement?)
En outre, sa liste de finalistes a toujours comporté des romans
représentant plus qu’une simple étape dans le cursus d’un auteur, et
dont il était clair qu’ils validaient le parcours du romancier nominé.
(J'adore: valider le parcours du romancier nominé. Quel jargon!)
Preuve de savoir faire : le Wepler a un jury tournant, qui lit chaque
année tous les ouvrages qu’envoient les éditeurs, et établit la
présélection finale.
(Les vertus du jury tournant sont contestables. Et si tous les ouvrages envoyés par les éditeurs sont lus, c'est probablement parce qu'il n'y en a pas beaucoup, et que ce sont donc les éditeurs qui établissent eux-même la sélection. Ou alors, c'est une blague.)
Tout ceci n'enlève aucune valeur au prix Wepler-Fondation La Poste.Mais pourquoi chercher de très mauvaises raisons de s'y intéresser alors qu'il y en a une autre, excellente - la seule qui peut convaincre un lecteur: la qualité du palmarès. Auquel Hubert Artus ne fait qu'une rapide allusion, en fin de texte et comme pour s'en débarrasser, citant "les" lauréats de l'an dernier. Ce qui n'est d'ailleurs pas tout à fait exact, puisqu'il n'y a qu'un lauréat du prix (Éric Laurrent, pour Les découvertes), l'autre (François Dominique, Solène) recevant la mention spéciale du prix Wepler-Fondation La Poste dont le palmarès est presque aussi intéressant.
Et alors, cette année, quels sont les douze titres retenus? J'y viens, les voici:
- Jakuta Alikavazovic, La Blonde et le bunker (L’Olivier)
- Jeanne Cordelier, Escalier F (Phébus)
- François Cusset, A l’abri du déclin du monde (P.O.L.)
- Patrick Declerk, Démons me turlupinant (Gallimard)
- Leslie Kaplan, Millefeuille (P.O.L.)
- Pauline Klein, Fermer l’œil de la nuit (Allia)
- Luc Lang, Mother (Stock)
- Emmanuelle Pireyre, Féérie générale (L’Olivier)
- Oscar Coop Rhane, Zénith l’hôtel (Finitude)
- Dominique de Rivaz, Rose Envy (Zoé)
- Anne Serre, Petite table, sois mise ! (Verdier)
- Eric Vuillard, Congo (Actes Sud)
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